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Pyrénées-Atlantiques Contraints de clôturer le ruisseau

À la suite d’une dénonciation, deux éleveurs de porcs en plein air voient leur activité compromise.

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En mai 2019, Olivier Maurin et Charles Madrid découvrent qu’une plainte pour pollution a été déposée contre leur élevage de porcs en plein air à Asasp-Arros (Pyrénées-Atlantiques), à la suite d’une dénonciation. Sur les trois parcours de l’exploitation, deux sont traversés par un cours d’eau et les porcs y ont libre accès. La DDPP (1) exige l’installation d’une clôture à 35 mètres des berges du cours d’eau. Mais les travaux sont coûteux pour cette petite exploitation. Les éleveurs sollicitent donc du temps auprès du représentant de l’État pour se mettre en conformité, d’autant plus qu’ils ont aussi les normes de biosécurité à mettre en place. Sans succès. Début février, ils reçoivent une amende administrative de 300 euros.

Quinze cochons sur 2 hectares

Olivier, berger depuis 2005 sur 40 hectares de SAU, fabrique du fromage à la ferme. L’élevage de porcs gascons a commencé en 2009. « Avec une vingtaine de bêtes produites par an, nous n’étions pas soumis à déclaration, explique-t-il. Nous avons suivi notre bon sens paysan, pour le bien-être des cochons, profitant de l’eau qui coule, des terres en pente non cultivables et de l’ombrage. » En 2015, Charles, ex-stagiaire, s’installe sur la ferme : « Le ruisseau, non référencé sur les cartes IGN, s’infiltrait en aval dans la prairie. L’autorisation préfectorale nous a été accordée sans problème. » Aujourd’hui, leur production – une centaine de porcs par an – représente 40 % du chiffre d’affaires. Naisseurs-engraisseurs et transformateurs, les éleveurs vivent de la vente directe. Ils dénoncent une réglementation déconnectée des réalités du terrain : « Tout ça pour une quinzaine de cochons répartis sur 2 hectares ! Nous aimerions avoir une preuve de la pollution qu’ils génèrent. »

Les deux hors-cadre familiaux se sont endettés pour acheter des terres et gagnent 850 euros par mois chacun. Avec ces nouveaux investissements, ils s’interrogent sur la rentabilité de leur activité : « Avec les clôtures, les deux parcs sont foutus. Les descendre dans la plaine se fera au détriment des cultures. » Démotivé, Charles songe sérieusement à arrêter.

Hélène Quenin

(1) Direction départementale de la protection des populations.

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